"Nacional" perto de ser comprada por espanhóis
(Título na pag. P4 do "Diário Económico" de hoje!)
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Proposta de adaptação de "slogan", caso se concretize o "perto":
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(Título na pag. P4 do "Diário Económico" de hoje!)
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August Macke (1887-1914) - A Chapelaria, óleo sobre tela, 1914
"[...] A 8 de Agosto de 1914. Macke foi chamado para cumprir o serviço militar. A 20 de Setembro, recebeu a «Cruz de Ferro» como oficial-cadete. Durante a madrugada de 26 de Setembro, foi morto em combate a sul da aldeia de Perthes-les-Hurles, em Champagne. Tinha vinte e sete anos. Foi sepultado juntamente com outros camaradas num cemitério militar, em Souain. Por baixo de muitos nomes desconhecidos, gravados no monumento aos mortos de guerra, encontramos estas simples palavras:
«(...) 26.9.1914 Macke August Feldwebelleutnant (...) »
[...] O seu trabalho ficou por acabar. A interrupção abrupta do seu desenvolvimento deixou a sua promessa por cumprir. E, todavia, existe algo de típico no destino de Macke. A sua obra inacabada é sintomática de uma arte do sec. XX que o próprio Macke ajudou a criar. Existe, de facto, uma tendência inerente para o fragmentário na arte do sec. XX, uma tendência a que não são estranhas duas guerras mundiais! É uma arte destinada a encontrar a sua perfeição máxima naquilo que permanece inacabado."
Anna Meseure, "August Macke 1887-1914", Taschen/Público, 2004, pp.92-93
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(conclusão)
À Tchita nous eûmes quelques jours de répit
Arrêt de cinq jours vu l'encombrement de la voie
Nous le passâmes chez Monsieur Iankéléwitch
qui voulait me donner sa fille unique en mariage
Puis le train repartit.
Maintenant c'était moi qui avais pris place au piano
et j'avais mal aux dents
Je revois quand je veux cet intérieur si calme
le magasin du Père et les yeux de sa fille
qui venait le soir dans mon lit
Moussorgsky
Et les lieder de Hugo Wolf
Et les sables du Gobi
Et à Khaïlar une caravane de chameaux blancs
Je crois bien que j'étais ivre
durant plus de cinq cents kilomètres
mais j'étais au piano et c'est tout ce que je vis
Quand on voyage on devrait fermer les yeux
Dormir
J'aurais tant voulu dormir
Je reconnais tous les pays les yeux fermés à leur odeur
et je reconnais tous les trains au bruit qu'il font
Les trains d' Europe sont à quatre temps
tandis que ceux d' Asie sont à cinq ou sept temps
D'autres vont en sourdine sont des berceuses
et il y en a qui dans le bruit monotone des roues
me rappellent la prose lourde de Maeterlinck
J'ai déchiffré tous les textes confus des roues
et j'ai rassemblé les éléments épars d'une violente beauté
Que je possède
Et qui me force.
Tsitsika et Kharbine
Je ne vais pas plus loin
C'est la dernière station
Je débarquai à Kharbine comme on venait de mettre
le feu au bureau de la Croix - Rouge.
O Paris
Grand foyer chaleureux avec les tisons entrecroisés
de tes rues et tes vieilles maisons
qui se penchent au-dessus et se réchauffent
Comme des aïeules
Et voici des affiches, du rouge du vert
Multicolores comme mon passé bref
Du jaune
Jaune
La fièvre couleur des romans de la France à l'étranger.
J'aime me frotter dans les grandes villes
aux autobus en marche
Ceux de la ligne Saint Germain - Montmartre
m'emportent à l'assaut de la Butte
Les moteurs beuglent comme les taureaux d'or
Les vaches du crépuscule broutent le Sacré - Cœur
O Paris
Gare centrale débarcadère des volontés
Carrefour des inquiétudes
Seuls les marchands de couleurs
ont encore un peu de lumière sur leur porte
La compagnie internationale des Wagons-lits
et des Grands Express Européens
m'a envoyé son prospectus :
C'est la plus belle église du monde
J'ai des amis qui m'entourent comme des garde-fous
Ils ont peur quand je pars que je ne revienne plus
Toutes les femmes que j'ai rencontrées
se dressent aux horizons
avec les gestes piteux et les regards tristes
des sémaphores sous la pluie :
Bella, Agnès, Catherine
et la mère de mon fils en Italie
Et celle, la mère de mon amour en Amérique
Il y a des cris de sirène qui me déchirent l'âme
Là-bas en Mandchourie un ventre tressaille encore
comme dans un accouchement
Je voudrais
Je voudrais n'avoir jamais fait mes voyages
Ce soir un grand amour me tourmente
Et malgré moi je pense à la petite Jehanne de France.
C'est par un soir de tristesse
que j'ai écrit ce poème en son honneur
Jeanne
La petite prostituée
Je suis triste je suis triste
J'irai au " Lapin agile "
me ressouvenir de ma jeunesse perdue
Et boire des petits verres
Puis je rentrerai seul
Paris
Ville de la Tour unique
Du grand Gibet
Et de la Roue.
R
(continuação)
Elle dort
Et de toutes les heures du monde
elle n'en a pas gobé une seule
Tous les visages entrevus dans les gares
toutes les horloges
L'heure de Paris l'heure de Berlin
l'heure de St Pétersbourg et l'heure de toutes les gares
Et à Oufa, le visage ensanglanté du canonnier
et le cadran bêtement lumineux de Grocho
Et l'avance perpétuelle du train
Tous les matins on met les montres à l'heure
Le train avance et le soleil retarde
Rien n'y fait, j'entends les cloches sonores
Le gros bourdon de Notre - Dame
La cloche aigrelette du Louvre qui sonna la Barthélemy
Les carillons rouillés de Bruges - la - Morte
Les sonneries électriques de la bibliothèque
de New - York
Les campagnes de Venise
Et les cloches de Moscou, l'horloge de la Porte - Rouge
qui me comptait les heures quand j'étais dans un bureau
Et mes souvenirs
Le train tonne sur les plaques tournantes
Le train roule
Un gramophone grasseye une marche tzigane
et le monde, comme l'horloge du quartier juif de Prague,
tourne éperdument à rebours.
Effeuille la rose des vents
Voici que bruissent les orages déchaînés
Les trains roulent en tourbillon sur les réseaux enchevêtrés
Bilboquets diaboliques
Il y a des trains qui ne se rencontrent jamais
D'autres se perdent en route
Les chefs de gare jouent aux échecs
Tric - trac
Billard Caramboles Paraboles
La voie ferrée est une nouvelle géométrie
Syracuse Archimède
Et les soldats qui l'égorgèrent
Et les galères et les vaisseaux
Et les engins prodigieux qu'il inventa
Et toutes les tueries
L'histoire antique
L'histoire moderne
Les tourbillons
Les naufrages
Même celui du Titanic que j'ai lu dans le journal
Autant d'images - associations
que je ne peux pas développer dans mes vers
Car je suis encore fort mauvais poète
Car l'univers me déborde
Car j'ai négligé de m'assurer
contre les accidents de chemin de fer
Car je ne sais pas aller jusqu'au bout
Et j'ai peur.
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J'ai peur
Je ne sais pas aller jusqu'au bout
Comme mon ami Chagall
je pourrais faire une série de tableaux déments
mais je n'ai pas pris de notes en voyage
" Pardonnez-moi mon ignorance
Pardonnez-moi de ne plus connaître
l'ancien jeu des vers "
comme dit Guillaume Apollinaire
Tout ce qui concerne la guerre
on peut le lire dans les Mémoires de Kouropatkine
ou dans les journaux japonais
qui sont aussi cruellement illustrés
A quoi bon me documenter
Je m'abandonne
aux sursauts de ma mémoire...
À partir d'Irkountsk le voyage devint
beaucoup trop lent beaucoup trop long
Nous étions dans le premier train
qui contournait le lac Baïkal
On avait orné la locomotive de drapeaux
et de lampions et nous avions quitté la gare
aux accents tristes de l'hymne au Tzar.
Si j'étais peintre
je déverserais beaucoup de rouge,
beaucoup de jaune sur la fin de ce voyage
car je crois bien que nous étions tous un peu fous
et qu'un délire immense ensanglantait les faces énervées
de mes compagnons de voyage
Comme nous approchions de la Mongolie
qui ronflait comme un incendie.
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Le train avait ralenti son allure
et je percevais dans le grincement perpétuel des roues
les accents fous et les sanglots d'une éternelle liturgie.
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J'ai vu
J'ai vu les trains silencieux les trains noirs
qui revenaient de l'Extrême-Orient et qui passaient en fantômes
Et mon œil, comme le fanal d'arrière,
court encore derrière ces trains
À Talga
cent mille blessés agonisaient
faute de soins
J'ai visité les hôpitaux de Kranoïarsk
et à Khilok nous avons croisé un long convoi
de soldats fous
J'ai vu dans les lazarets
des plaies béantes des blessures
qui saignaient à pleines orgues
Et les membres amputés dansaient autour
ou s'envolaient dans l'air rauque
L'incendie était sur toutes les faces dans tous les cœurs
Des doigts idiots tambourinaient sur toutes les vitres
Et sous la pression de la peur
les regards crevaient comme des abcès
Dans toutes les gares on brûlait tous les wagons
Et j'ai vu
J'ai vu des trains de soixante locomotives
qui s'enfuyaient à toute vapeur
pourchassés par les horizons en rut
et des bandes de corbeaux qui s'envolaient
désespérément après
disparaître
dans la direction de Port - Arthur.
"Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre ?"
Mais oui, tu m'énerves, tu le sais bien, nous sommes bien loin
La folie surchauffée beugle dans la locomotive
la peste, le choléra, se lèvent comme des braises ardentes
sur notre route
Nous disparaissons dans la guerre en plein dans un tunnel
La faim, la putain, se cramponne aux nuages en débandade
et fiente des batailles en tas puants de morts
Fais comme elle, fais ton métier...
" Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre ? "
Oui, nous le sommes, nous le sommes
Tous les boucs émissaires ont crevé dans ce désert
Entends les sonnailles de ce troupeau galeux
Tomsk
Tchéliabinsk Kainsk Obi Taïchet Verkné Oudinsk
Kourgane Samara Pensa-Toulone
La mort en Mandchourie
est notre débarcadère est notre dernier repaire
Ce voyage est terrible
Hier matin
Ivan Oulitch avait les cheveux blancs
et Kolia Nicolaï Ivanovitch se ronge les doigts
depuis quinze jours...
Fais comme elles, la Mort la Famine, fais ton métier
Ça coûte cent sous,
en transsibérien, ça coûte cent roubles
En fièvre les banquettes et rougeoie sous la table
Le diable est au piano
ses doigts noueux excitent toutes les femmes
La Nature
Les Gouges
Fais ton métier jusqu'à Karbine...
" Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre ? "
Non mais... fiche-moi la paix... laisse-moi tranquille
Tu as les hanches angulaires
ton ventre est aigre et tu as la chaude-pisse
c'est tout ce que Paris a mis dans ton giron
C'est aussi un peu d'âme...
car tu es malheureuse
(continuação)
Et pourtant, et pourtant
J'étais triste comme un enfant
Les rythmes du train
La " moëlle chemin-de-fer " des psychiatres américains
Le bruit des portes, des voies, des essieux grinçant sur
les rails congelés
Le ferlin d'or de mon avenir
Mon browning, le piano et les jurons des joueurs de
cartes dans le compartiment d'à côté
L'épatante présence de Jeanne
L'homme aux lunettes bleues qui se promenait nerveusement
dans le couloir et qui me regardait en
passant
Froissis de femmes
Et le sifflement de la vapeur
Et le bruit éternel des roues en folie dans les ornières
du ciel
Les vitres sont givrées
Pas de nature !
Et derrière, les plaines sibériennes, le ciel bas et les
grandes ombres des Taciturnes qui montent et qui
descendent
Je suis couché dans un plaid
Bariolé
Comme ma vie
Et ma vie ne me tient pas plus chaud que ce châle
Écossais
Et l'Europe tout entière aperçue au coupe-vent
d'un express à toute vapeur
N'est pas plus riche que ma vie
Ma pauvre vie
Ce châle
Effiloché sur des coffres remplis d'or
Avec lesquels je roule
Que je rêve
Que je fume
Et la seule flamme de l'univers
Est une pauvre pensée...
Du fond de mon cœur des larmes me viennent
Si je pense, Amour, à ma maîtresse ;
Elle n'est qu'une enfant, que je trouvai ainsi
Pâle, immaculée, au fond d'un bordel.
Ce n'est qu'une enfant, blonde, rieuse et triste,
Elle ne sourit pas et ne pleure jamais ;
Mais au fond de ses yeux, quand elle vous y laisse
boire,
Tremble un doux lys d'argent, la fleur du poète.
Elle est douce et muette, sans aucun reproche,
Avec un long tressaillement à votre approche ;
Mais quand moi je lui viens, de-ci, de-là, de fête,
Elle fait un pas, puis ferme les yeux - et fait un pas.
Car elle est mon amour, et les autres femmes
N'ont que des robes d'or sur de grands corps
de flammes,
Ma pauvre amie est si esseulée,
elle est toute nue, n'a pas de corps - elle est trop
pauvre.
Elle n'est qu'une fleure candide, fluette,
La fleur du poète, un pauvre lys d'argent,
Tout froid, tout seul, et déjà si fané
Que les larmes me viennent si je pense à son cœur.
Et cette nuit est pareille à cent mille autres quand un
train file dans la nuit
- Les comètes tombent -
Et que l'homme et la femme, même jeunes, s'amusent
à faire l'amour.
Le ciel est comme la tente déchirée d'un cirque pauvre
dans un petit village de pêcheurs
En Flandres
Le soleil est un fumeux quinquet
Et tout au haut d'un trapèze une femme fait la lune.
La clarinette, le piston, une flûte aigre et un mauvais
tambour
Et voici mon berceau
Mon berceau
Il était toujours près du piano quand ma mère comme
Madame Bovary jouait les sonates de Beethoven
J'ai passé mon enfance dans les jardins suspendus
de Babylone
Et l'école buissonnière, dans les gares devant les
trains en partance
Maintenant, j'ai fait courir tous les trains derrière moi :
Bâle-Tombouctou
J'ai aussi joué aux courses à Auteuil et à Longchamp
Paris-New York
Maintenant, j'ai fait courir tous les trains tout le long
de ma vie
Madrid-Stockholm
Et j'ai perdu tous mes paris
Il n'y a plus que la Patagonie, la Patagonie, qui convienne
à mon immense tristesse, la Patagonie,
et un voyage dans les mers du Sud
Je suis en route.
J'ai toujours été en route
Je suis en route avec la petite Jehanne de France
Le train fait un saut périlleux et retombe sur toutes
ses roues
Le train retombe sur ses roues
Le train retombe toujours sur toutes ses roues.
" Blaise, dis, sommes-nous bien loin de Montmartre ? "
Nous sommes loin Jeanne, tu roules depuis sept jours
Tu es loin de Montmartre, de la Butte qui t'a nourrie,
du Sacré-Cœur contre lequel tu t'es blottie
Paris a disparu et son énorme flambée
Il n'y a plus que les cendres continues
La pluie qui tombe
La tourbe qui se gonfle
La Sibérie qui tourne
Les lourdes nappes de neige qui remontent
Et le grelot de la folie qui grelotte comme un dernier
désir dans l'air bleui
Le train palpite au cœur des horizons plombés
Et ton chagrin ricane...
" Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre ? "
Les inqiétudes
Oublie les inquiétudes
Toutes les gares lézardées obliques sur la route
Les fils télégraphiques auxquels elles pendent
Les poteaux grimaçants qui gesticulent et les
étranglent
Le monde s'étire s'allonge et se retire comme un
accordéon qu'une main sadique tourmente
Dans les déchirures du ciel, les locomotives en furie
S'enfuient
Et dans les trous,
Les roues vertigineuses les bouches les voix
Et les chiens du malheur qui aboient à nos trousses
Les démons sont déchaînés
Ferrailles
Tout est un faux accord
Le broun-roun-roun des roues
Chocs
Rebondissements
Nous sommes un orage sous le crâne d'un sourd...
(continua)
Victor d'Hondt (Gant,1841 - Gant,1901)
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